Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LAVOIXDUCONGO
25 septembre 2007

NYBOMA se souvient de MADILU...

Kanta Nyboma : "Voici pourquoi notre musique demeure dans le ghetto"! Dans une interview exclusive à Visa La disparition inopinée du chanteur Madilu System a amené à Kinshasa une autre grande voix de la chanson congolaise connue pour sa complicité, au plan artistique s’entend, avec le Grand Ninja. Il s’agit de Nyboma Mwan’Dido, Danos Canta de son nom d’artiste, arrangeur de « Bonne humeur », le dernier album de Madilu System et de plusieurs succès antérieurs du défunt. Nyboma a fait la pluie et le beau temps au sein des orchestres Bella-Bella, Lipua-Lipua et autres Kamale. Il a par la suite crevé l’écran avec des chansons telles que « Doublé Doublé », « Asso » réalisées en Afrique de l’Ouest. Avant de s’établir en Europe, où il vit depuis plus d’une décennie. Ses duos avec feu Pépé Kallé et avec Madilu sont parmi les meilleurs de la musique congolaise. Sa voix est une véritable parure pour les chansons qu’il interprète et son expérience dans la musique, une richesse. C’est ce chanteur que Visa a abordé pour ses chers lecteurs. Visa : Vous avez fait le déplacement de Kinshasa pour assister aux obsèques de Madilu System. Y a-t-il une explication particulière à cela ? Nyboma Danos Canta : En Europe, les musiciens s’étaient organisés et ont fait des veillées pour rendre hommage à Madilu System. Ils ont fait un concert spécial vendredi en mémoire de Madilu. Moi, j’ai tenu à rendre hommage à mon ami et frère Madilu en descendant à Kinshasa. Si je n’étais pas venu, ça n’allait pas être bien. Parce qu’il y a peu, j’avais été à Kinshasa avec lui pour la deuxième partie de l’enregistrement de son album « Bonne humeur ». Je suis ensuite reparti pour Paris en vue du mixage de cet album tandis que lui est resté pour faire les clips. Malheureusement, Dieu l’a rappelé à Lui. J’ai donc décidé de revenir à Kinshasa pour les obsèques. Madilu était artistiquement mon complice. C’est moi qui arangeais ses chansons. Visa : Quel souvenir gardez-vous de Madilu ? N.D.C. : Madilu, c’était un grand chanteur, en même temps humoriste et un comédien, dans le bon sens du terme. Ses chansons reflétaient la vie quotidienne de tout le monde. Madilu, c’était aussi mon idole. Je l’admirais beaucoup. En tant quie chanteur, si vous confiez une chanson à interpréter à Madilu, il se l’approprie, l’intériorise de manière à restituer le message avec brio, de façon saisissante. Il savait habiller les chansons qu’on lui donnait d’interpréter. Il avait ce talent, cette intelligence dans la musique. Visa : Comment se porte votre groupe multiracial Kekele basé en France ? N.D.C. : Il se porte très, très bien. Là, on est en vacances. On va reprendre le 17 octobre pour une tournée en Angleterre, qui va jusqu’au 28 du même mois. Dernièrement, nous avons été au Fespam, à Brazzaville. Visa : Pouvez-vous rappeler les musiciens qui jouent avec vous ? N.D.C. : Il y a moi-même, Wuta Mayi, Siran Mbenza, Loko Massengo, Djeskain, Bimba Massa, Fofo le Collégien, Komba Bela, Djoudjouché, le vieux Deba qui fait les congas. Notre bassiste est un européen, M. Vincent ; l’accordéoniste, c’est Viviane. Elle est de nationalité française. Visa : Votre ambition en créant le groupe Kekele était de redonner ses lettres de noblesse à la rumba. Cet objectif est-il atteint aujourd’hui ? N.D.C. : On peut dire oui. Vous constaterez, par exemple, l’engouement des jeunes pour la rumba. Dans leurs albums, désormais, il y a au moins trois rumba. Voyez aussi le succès que connaissent ces chansons. Visa : Par rapport à la grande époque de vos groupes Bella-Bella et Lipua-Lipua à côté des Grands Maquisards et autres, comment de par votre formation d’arrangeur jugez-vous la musique produite aujourd’hui par les jeunes ? N.D.C. : C’est pas mal ce que font les jeunes. Moi, je les admire beaucoup. Est-il qu’à notre époque, chaque groupe avait son originalité, même quand on était de la même école. Il y avait beaucoup de styles. Les Grands Maquisards, Bella-Bella, Lipua-Lipua, pour ne citer que ces groupes, avaient chacun leur style. Quand vous allez chez mon "grand-frère" Jeannot Bombenga avec son orchestre, il a son style. Par contre, les jeunes d’aujourd’hui, leur façon de jouer, c’est pareil. On les distingue quand on entend la voix du chanteur. Musicalement, c’est pareil. Voilà la grande différence entre notre époque et celle d’aujourd’hui. Visa : Des voix n’arrêtent pas d’affirmer que la musique congolaise n’évolue pas, qu’elle demeure dans le ghetto. Qu’en dites-vous au regard de votre long séjour en Europe ? N.D.C. : Oui, j’affirme que notre musique est toujours dans le ghetto. Pourquoi ? En effet, avant de faire une chanson qui puisse passer dans les médias internationaux, il y a des structures. Mais, la musique congolaise ne respecte pas les structures qui peuvent passer dans les médias internationaux. Par exemple, pour ces médias internationaux, une chanson devrait avoir une durée de quelque 3 minutes. Mais, nos jeunes ne peuvent pas observer cette durée. Leurs chansons, c’est 7, 8, 10 voire 15 minutes. Visa : Franco en avait une qui durait 21 minutes… N.D.C. : Voilà ! De telles chansons ne peuvent pas passer dans les médias internationaux. On est toujours dans le ghetto. Visa : En tant qu’arrangeur, ne comptez-vous pas un jour rentrer au pays pour faire partager à la jeunesse votre expérience accumulée en Europe ? N.D.C. : C’est un projet qui me tient à cœur. Je l’ai toujours envisagé. Vous en découvrirez les détails en temps opportun. Visa : L’Europe est présentée comme le cimetière de nos musiciens qui s’y établissent. Ils sont finalement coupés de leur public congolais, qui finit par les oublier. Vous-même n’éprouvez-vous pas de la nostalgie pour vos années Bella-Bella ou Lipua-Lipua que vous avez connues au pays ? N.D.C. : Oui, la nostalgie, ça ne manque pas. Qu’on affirme que l’Europe, c’est un un grand cimetière pour nos musiciens qui s’y établissent, moi, je ne vois pas les choses comme ça. Parce qu’en Europe, on a une autre structure, là-bas. Ou tu fais la musique, ou tu travailles c’est-à-dire, tu fais autre chose que la musique pour vivre. Ceux qui ont choisi de poursuivre leur carrière de musicien, le public les connaît toujours. Vous connaissez le cas de Papa Wemba pour ne citer que lui. Nous, le groupe Kekele, on continue de faire la musique. Mais, il y a ceux qui ont changé de métier. Ils font autre chose que la musique pour vivre. On ne peut pas les obliger à revenir à la musique. C’est leur problème. Dans notre cas, nous venons de temps en temps au pays pour faire la promotion de nos œuvres et pour qu’on ne soient pas oubliés. Notre musique, sa source, elle est ici au pays. Nous sommes obligés de revenir nous ressourcer ici. Visa : La tendance, depuis quelque temps, dans les groupes les plus connus du pays est au départ de quelques musiciens pour une carrière solo. Avez-vous un commentaire à ce sujet ? N.D.C. : Il faut dire que quand un enfant a grandi, il doit quitter le toit parental pour voler de ses propres ailes. Seulement, je dois avouer que dans le cas des musiciens qui partent comme ça, cela fait quand même mal au cœur. Parce qu’il s’agit de musiciens dont leurs leaders ont réussi à faire des vedettes, des stars pour que cela profite à leurs groupes. C’est un peu comme un investissement qui va à l’eau. Ca fait mal mais, le musicien n’est pas obligé de rester. Visa : Pour revenir à votre groupe Kekele, il n’est pas très présent sur le marché congolais du disque malgré la demande des mélomanes. Est-ce à dire que votre producteur ou vous-même négligez ce marché congolais ? N.D.C. : Vous savez, nous, on est des artistes, on fait notre travail d’artistes. Au producteur de faire le sien. Si le producteur ne suit pas, c’est là qu’il y a une rupture. Moi, j’ai eu à descendre précédemment à Kinshasa pour la promotion de notre groupe. C’était au producteur d’envoyer par la suite nos œuvres au pays. C’est une question qu’à mon retour en France, je vais voir avec notre producteur. Visa : Votre mot de la fin ? N.D.C. : Je suis vraiment triste de la mort de mon ami Madilu. C’est le chemin de tout le monde. Je prêche l’amour entre les familles paternelle et maternelle de Madilu, sa veuve et les enfants qu’il a laissés. Qu’ils s’unissent et honorent la mémoire du défunt. Propos recueillis par Kale Ntondo/VISA
Publicité
Publicité
Commentaires
C
I really have learned a lot from you.Thanks for sharing. So many people have come to your blog.<br /> <br /> http://www.newcoachhandbags2u.com
Répondre
LAVOIXDUCONGO
Publicité
Derniers commentaires
Publicité