Par Le Potentiel L’armée américaine a présenté lundi le projet du nouveau commandement militaire américain en Afrique (Africom) dont l’objectif est de servir d’outil d’assistance et de formation pour le continent noir. Les Africains, cependant, redoutent qu’Africom ne pose des problèmes supplémentaires en défaveur de l’Afrique. Des analystes estiment, pour leur part, qu’Africom veut tout simplement barrer la route à la Chine qui s’est fait remarquer ces dernières années par une offensive diplomatique et commerciale en Afrique. Le contrôle du continent africain présente, sur le plan militaire et économique, des enjeux majeurs pour les grandes puissances mondiales. C’est dans ce contexte qu’il convient d’expliquer la présentation lundi par l’armée américaine du projet du nouveau commandement militaire américain en Afrique (Africom). Selon l’armée américaine, Africom est un outil d’assistance et de formation qui contribuera à la stabilité du continent noir. Ce commandement sera installé en Allemagne et poursuit des objectifs stratégiques et humanitaires, selon des analystes. L’Amérique choisira le pays africain qui abritera Africom en 2008, selon la presse. Mais nombre des Africains craignent que Africom ne soit source de problèmes supplémentaires, indique Reuters. Si l’on en croit les responsables américains, Africom, qui a vu le jour le lundi 1er octobre , vise à aider l’Afrique à se stabiliser et à renforcer sa sécurité en promouvant la bonne gouvernance, l’état de droit et de nouvelles opportunités économiques. Mais ce nouveau commandement est plutôt vu sous un mauvais jour par les Africains qui évoquent deux dangers : -premièrement, les Africains dénoncent l’immixtion accrue des Américains dans les affaires proprement africaines –deuxièmement ils craignent qu’une fois associé aux Etats-Unis, le continent se ferait inscrire sur la liste noire des pays ciblés par les ennemis traditionnels de l’Amérique. « L’armée américaine ne va faire qu’apporter de nouveaux problèmes à l’Afrique », estime Bile Abdi, ouvrier au chômage vivant en Somalie. BARRER LA ROUTE A LA CHINE Pour certains analystes, les Etats-Unis veulent garantir la continuité de l’approvisionnement en pétrole africain, déjà importé en grande quantité du continent et dont l’importance stratégique croît dans un monde instable. Le Nigeria et l’Angola fourniront bientôt un quart du pétrole importé par les Etats-Unis. Certains observateurs prêtent néanmoins à Washington la volonté de renforcer sa présence sur place pour contrer l’offensive diplomatico-commerciale de la Chine visant à contrôler les gisements de pétrole et de minerais africains. Africom vise à «contrer la présence de plus en plus insistante d’autres puissances telles que la Chine», estime ainsi le politologue algérien Ismaïl Maaref Ghalia. La crainte de la Chine prend des proportions inquiétantes aux USA au regard du développement de la coopération sino-africaine après l’établissement du nouveau partenariat gagnant-gagnant. C’est dans ce contexte que la Chine exploite de nombreux gisements pétroliers et construit de grandes infrastructures en Afrique. Un analyste estime que ce nouveau dynamisme des relations sino-africaines est, sans nul doute, en train de donner la nouvelle configuration des rapports de forces au sein de la société internationale. Ce qui signifie, selon lui , qu’avec ou sans l’Africom, le changement dans les relations nord-sud est impératif. PIERRE EMANGONGO ET BIENVENU IPAN (STAGIAIRE) Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel 2005 Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.