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LAVOIXDUCONGO
22 janvier 2008

Nkundabatware amnistié, mais rien ne change

KUNBOYS Ci-dessus: Les Kunda Boys mardi 22 janvier 2008, par O.P.B.K *L’option de l’amnistie en faveur de Nkundabatware semble se préciser. Ce qui reste à savoir, qui en aura la responsabilité. *La question qui reste également sans réponse, c’est celle de savoir si la conférence de Goma, au regard des textes fondateurs, a le pouvoir d’amnistier les insurgés ? *Le Cndp relativise la légitimité du gouvernement de Kinshasa estimant que cette légitimité n’est ni éternelle ni un chèque en blanc. *Dans ses propositions, le Cndp exige une nouvelle armée sur base d’un nouveau processus de brassage, le premier ayant échoué à son avis. *Les partisans de la thèse de l’amnistie en faveur de Nkundabatware doivent dire s’il faut suivre cette logique jusqu’au bout ? *Nkundabatware ne reconnaissant pas les mandats d’arrêt lancés contre lui, peut-on l’amnistier pour des fautes non reconnues ? Quelle sera la pédagogie de cette amnistie ? Ce sera une amnistie pour quelle catharsis ? La conférence de Goma livre enfin ses vrais enjeux. Le développement et la paix de deux provinces du Kivu semblent être le catalyseur de ces vrais enjeux que sont le positionnement politique et l’esquive de la justice. Pour s’en rendre compte, il faut lire attentivement, avec l’esprit critique, la déclaration du représentant de Nkundabatware à cette conférence. Enfin, ceux qui craignaient une conférence taillée sur mesure n’avaient pas tort. C’est ainsi que la question de l’amnistie en faveur de Nkundabatware a occupé la conférence. On avait survolé toutes les questions et on a fait de la « masturbation » politique et intellectuelle. Finalement, on est revenu à cette question essentielle. Plusieurs schémas ont été envisagés à tel point que l’amnistie elle-même ne posait plus problème. La question que l’on se pose est celle de savoir comment. Il y a la proposition selon laquelle la question devrait être soumise au parlement. Personne ne veut prendre la responsabilité d’amnistier le chef du Cndp. Cela démontre le sérieux de la question. Ce ne sera pourtant pas la première fois que telle décision sera prise. On se souvient du sort réservé aux chefs de guerre du Rcd, du Mlc, sans oublier ceux de l’Ituri. La différence avec Nkundabatware, c’est qu’à Sun City, tous les Congolais, sans distinction, avaient pris la résolution selon laquelle : plus jamais ça. On peut être en dehors du processus électoral, mais on ne peut pas contester l’Accord global et inclusif qui avait inspiré la Constitution de la transition qui, déjà, condamnait tout recours à la force pour prendre le pouvoir ou revendiquer quoi que ce soit. On a aussi entendu parler de la proposition que l’amnistie ne soit pas individualisée, mais prise globalement en faveur de tous les mouvements armés. C’est la proposition qui semble avoir l’adhésion de beaucoup de conférenciers. Cela interdit-il que l’on passe par le parlement, même s’il s’agirait d’une amnistie globale ? D’autre part, le CNDP se plaint à son tour d’être traité sur le même pied d’égalité que la vingtaine d’autres groupes armés et réclamerait toujours des négociations directes avec le gouvernement. Sur base de quoi peut-on faire confiance à Nkundabatware ? Rien ne permet de faire confiance à Nkundabatware, ni son passé ni son présent. Son futur est davantage insécurisant. Ce n’est pas Muhombo Muhima, l’un des responsables Maï-Maï qui nous démentirait. Car, s’est-il rendu compte : « Nous croyions que nous avions en face de nous des hommes honnêtes, respectueux de leurs engagements, le comble est de voir que nous avons été piégés ». Il parle des combats qui ont repris au moment où tous les espoirs étaient permis à la conférence de Goma. Cette technique est propre à Nkundabatware. Rien ne dit qu’il ne se comportera pas comme jadis après le mixage décidé à son avantage. Il avait agi de la même façon après Sun City. C’est partant de cette méfiance vis-à-vis de Nkundabatware que ce responsable des Maï-Maï a déclaré que son mouvement, mieux « la coordination des groupes Maï-Maï de la province n’est pas concernée par ce désengagement ». Malgré ces hésitations, ces réserves des Maï-Maï, le président du comité des sages, Vital Kamerhe ne s’est pas empêché d’afficher un grand optimisme. « Au début nous étions un peu hésitants quant à l’aboutissement heureux de nos travaux. Après avoir suivi les déclarations des communautés locales, nous allons maintenant écouter ceux-là qui ont choisi le chemin des armes... » Ne fallait-il pas attendre que les groupes armés parlent pour afficher le moindre optimisme ? Les preuves de la mauvaise foi du Cndp Le délégué du Cndp n’est pas sans arrogance. A partir de son accoutrement, on sent ce que ce mouvement veut. Il y a un certain messianisme dans le chef de ce mouvement. Il est mentionné sur sa veste : « Rebels for Christ. Protecteur des orphelins et des opprimés », Cette inscription en français est reprise en écriture judaïque. On a vite fait allusion au peuple juif opprimé dans le monde. Cette allusion est-elle gratuite ? Dans le fait oui. Car, les Tutsi congolais n’ont jamais connu ce qu’avaient connu les Juifs. Mais dans la tête de Nkundabatware et les siens, cette oppression est évidente. Ils ne peuvent la nier dans la mesure où c’est l’explication qu’ils donnent au recours aux armes pour se faire justice. Quand le délégué du Cndp prend la parole, c’est pour confirmer toutes ces appréhensions. Il déclare avoir reçu l’invitation de la conférence, alors que Nkundabatware avait dit n’avoir jamais reçu l’invitation. Fallait-il une invitation pour la personne de Nkundabatware et une autre pour son mouvement le Cndp ? « Le Congrès National pour la Défense du Peuple, CNDP en sigle, est heureux d’avoir été invité aux présentes assises et de se retrouver parmi vous », La définition du mouvement telle que faite par son délégué à Goma ne traduit aucune réalité. « Le Congrès National pour la Défense du Peuple est un Mouvement politico-militaire congolais, authentiquement national et même nationaliste, au sens noble du terme, c’est-à-dire patriote sans être xénophobe, soucieux de la souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire, sans avoir l’obsession de l’encerclement et fier de vouloir pour son pays et pour son peuple un destin de grandeur et de dignité, sans arrogance ni mépris envers qui que ce soit ». Qui peut croire à ces paroles vides et mensongères sans paraître naïf ? Du mensonge au délire et à la manipulation Du mensonge au délire, le délégué du Cndp accouchera davantage de petits éléphants, notamment en déclarant : « Comme vous nous avez vus alignés devant vous, nous provenons de plusieurs communautés ethniques et de plusieurs provinces de notre pays. Alignés devant vous, nous sommes par ordre alphabétique : Hunde, Hutu, Kongo, Lega, Luba, Nande, Ngbandi, Nyanga, Shi, Tetela, Tutsi, etc. ». L’homme du Cndp prétend avoir été pour le dialogue. Le recours aux armes, selon lui, aurait été une façon d’anticiper la conférence qui se tient maintenant à Goma. Véritable couleuvre difficile à avaler lorsqu’on sait que la guerre de Nkundabatware remonte à son refus de prendre ses fonctions au sein de l’armée nationale. « Notre tort, poursuivra-t-il, serait donc d’avoir décidé, devant la complaisance ou l’impuissance des pouvoirs publics, d’enrayer cette menace, en entreprenant de débarrasser notre pays, quoiqu’il arrive ou quoiqu’il en coûte, de ce fléau qui gangrène mortellement notre nation et qui porte un nom, à savoir : ex-FAR/Interahamwe, déguisés en FDLR, ADF/NALU, FNL/palipéhutu », Qui avait donné à Nkundabatware ce mandat ? Ce faux prétexte est une des preuves qu’on ne peut pas prendre le Cndp au sérieux. Se rendant compte de cette supercherie, le délégué du Cndp cherche une excuse en mettant en doute la légitimité du pouvoir. « … la légitimité n’est pas acquise pour l’éternité. Elle n’est pas un chèque en blanc que l’on remplit discrétionnairement et à volonté. Elle se mérite tous les jours par la capacité de ses détenteurs à répondre aux aspirations tout aussi légitimes de leurs concitoyens ». Apparemment, le Cndp refuse toute notion de loi et de légalité. Personne ne dit avoir reçu une légitimité éternelle. C’est pour cela que la majorité au pouvoir a un mandat de cinq ans. Si elle ne s’assume pas comme il faut, le peuple, seul souverain, en décidera après cinq ans. Le même peuple donnera le mandat à une autre majorité. Il en est de même des Interahamwe. Si le gouvernement n’a pas réussi à les rapatrier au Rwanda, on ne voit pas Nkundabatware le faire avec succès. La question des Interrahamwe comme raison de prendre les armes, est une manœuvre, une façon de justifier le soutien de Kigali, sinon de le solliciter. Le Cndp , donneur de leçons Le délégué du Cndp a loué Vital Kamerhe pour avoir caressé son mouvement dans le sens des poils, le contraire nous aurait étonné de la part du président des sages. Il a distribué de mauvais points à ceux qui ont estimé de leur droit d’afficher une certaine rigueur contre les dirigeants du Cndp. C’est propre à Nkundabatware de penser qu’il aurait tous les droits pendant que les autres devraient suivre ses leçons en silence absolu. Il a accusé (sans preuves) le gouvernement de créer des milices, mais lui se croit permis de créer un mouvement politico-militaire. Il prétend qu’il y aurait quelqu’un qui aurait refusé que la conférence trouve de solutions aux problèmes qui se posent. " Le CNDP regrette qu’il ait été affirmé à cette tribune que les présentes assises n’auraient pas le mandat d’apporter des solutions durables aux questions qui se posent au pays, mais qu’elles se contenteraient de faire des propositions aux institutions… " Faire des propositions, est-ce refuser de trouver des solutions ? Des propositions fantaisistes Le Cndp a demandé " le rétablissement de la Commission " Vérité et Réconciliation ", la permission aux exilés de rentrer au pays, le rapatriement et la réinsertion de nos compatriotes réfugiés dans les pays voisins, le retour sans condition de Jean-Pierre Bemba Gombo, la formation d’une armée nationale et républicaine sur base d’un processus de brassage autre que celui en cours. Enfin, le Cndp ignore avoir connaissance des mandats d’arrêt et exige leur retrait pur et simple pour cause qu’ils seraient sans fondement. Peut-on amnistier quelqu’un pour des fautes non reconnues et qu’il rejette ? Il est visiblement sans remords de tout ce qu’il a fait. Alors quelle sera la pédagogie de cette amnistie ? Quelle est la catharsis attendue de cette amnistie ? Enfin, il exige " des négociations directes entre belligérants par le biais d’une médiation neutre et selon des modalités acceptables par tous ", Ce sont là, selon le Cndp, les conditions de paix au Kivu. Pourquoi ne pas dire que Nkundabatware a pris la conférence à la gorge ? Demain, on ne sait pas, ce qu’il aura comme revendications chaque fois qu’il estimera que les institutions ne lui donnent pas satisfaction. Les mêmes causes, dans les mêmes circonstances, produisent les mêmes effets. Comme quoi, l’amnistie pour Nkundabatware ne sera pas une solution à la situation de guerre à l’Est. On s’attend qu’après avoir été amnistiés, les dirigeants du Cndp réclament non seulement intégration dans l’armée, mais aussi l’interdiction de les envoyer ailleurs qu’au Kivu. Faudra-t-il boire ce poison jusqu’à la lie ? Aux partisans de l’amnistie de répondre. JDG
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