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LAVOIXDUCONGO
30 mai 2008

Affaire Bemba : la justice belge inflexibe. Jusqu’à quand ?

compatriotesMLCJean-Pierre Bemba n’a pas été libéré mercredi sous caution. Ses sympathisants restent confiants. Des Congolais de Belgique ont manifesté mardi 27 mai à la Porte de Namur pour exiger la libération du président du MLC.

Cinq jours après l’arrestation de l’ancien vice-président de la République et sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo, dans sa résidence à Rhode Saint-Genèse, les détails de cette opération policière commencent à filtrer.l faut dire d’emblée que depuis au mois six mois, «Jean-Pierre» venait régulièrement en Belgique où réside sa famille de manière permanente. Les cinq enfants Bemba suivent des cours comme élèves réguliers dans un lycée catholique à Waterloo. Selon une source bien informée, vendredi 23 mai, Bemba aurait reçu en sa résidence un ancien ambassadeur à Bruxelles d’un pays d’Afrique australe. Une vieille connaissance. L’homme a connu de l’ascension puisqu’il a été promu chef de la diplomatie de son pays.

Samedi 24, Jean-Pierre a été aperçu dans la matinée à Uccle faisant ses courses dans cette Belgique où il se sent comme un poisson dans l’eau pour y avoir passé les plus belles années de sa jeunesse. «JPB» a fait ses études secondaires et universitaires dans le royaume. Dans la soirée de ce samedi, il était prévu qu’il dîne avec son père Jeannot Bemba Saolona, l’ancien «patron des patrons» zaïrois, dans un restaurant à Waterloo. Vers 20 h00, Papa Bemba avait précédé avec un de ses fils et trois de ses petits-enfants. Jean-Pierre et son épouse devaient rejoindre le groupe vers 20h30. C’est à cette heure que la sonnette de la porte d’entrée de la résidence retentit. Le sénateur prend le parlophone. Pour toute réponse, il entend : «C’est la police judiciaire!». C’est Bemba Gombo en personne qui va ouvrir la porte à ces visiteurs inattendus.

Combien étaient-ils ? Selon nos informations, pas moins d’une quarantaine de policiers a investi le lieu. Un groupe s’est répandu dans le jardin. Un autre est entré dans la villa. «Nous devons perquisitionner», dit l’un des policiers. A 21h00, Papa Bemba tente de joindre son fils au téléphone. Sans succès. Pour cause, les «flics» ont saisi les téléphones portables ainsi que l’ordinateur du «Chairman». Celui-ci est empêché de faire venir son avocat. Une entorse au respect du droit de la défense. En désespoir de cause, Bemba Saolona va dépêcher un de ses fils pour s’enquérir de la situation. A 22h00, la perquisition est terminée. «Vous devez nous suivre», lance un agent au maître du lieu. Fin du premier acte. Pourquoi cette arrestation alors que Jean-Pierre Bemba a pratiquement déplacé son lieu d’exil de Faro à Bruxelles ? L’homme n’avait-il pas, au grand jour, de contacts réguliers avec diverses personnalités du royaume ?

Selon une source, le président du MLC devait rencontrer lundi 26 mai le ministre de la Coopération au développement, le libéral francophone Charles Michel. Dans son édition datée lundi 26 mai, le quotidien bruxellois «Le Soir», citant la directrice de la coopération internationale auprès du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Béatrice Le Frapper du Hélin, dont l’arrogance n’a pas échappé à l’attention des observateurs, écrit notamment : «Le risque était grand qu’il {Bemba} parte vers un pays qui ne reconnaît pas la compétence de la Cour, ou même au Congo, mais dans une région du pays mal contrôlée par le gouvernement.» En clair, Bemba se préparait, selon cette responsable de la CPI, à s’enfuir. «C’est une cabale», tonne un ami de la famille avant d’ajouter :
«Bemba allait donc abandonner ses cinq enfants qui vont à l’école à Waterloo?». Il ajoute: \"Pourquoi le président Ange-Patassé et son chef d’état major de l’armée sont loin d’être dans le collimateur de la CPI? L’actuel président François Bozizé, ancien chef rebelle, n’a-t-il fait tuer personne pour s’emparer du pouvoir avec l’aide de la France de Jacques Chirac?\"

Certains sympathisants du MLC n’hésitent pas à suspecter le gouvernement du Premier ministre Yves Leterme d’avoir «donné» Bemba à la CPI pour «calmer» Joseph Kabila au moment où le torchon brûle entre Kinshasa et Bruxelles. Une assertion plutôt difficile à étayer au moment où le ministère belge de la Justice est dirigé par Jo Van Deurzen, l’ancien président des démocrates chrétiens flamands (CD&V). L’image de Kabila est au plus bas en Flandre. Lundi 26, des militants et sympathisants du MLC ont manifesté à Mbandaka afin d’exiger la libération du président du MLC, un natif de l’Equateur. Mardi 27, une autre marche a eu lieu à Kinshasa et à Gemena. Dans la capitale, les protestataires ont remis un mémorandum aux présidents des deux Chambres. Le même mardi, de 16h00 à 18h00, des Congolais de Belgique ont organisé un sit-in à la Porte de Namur. Aux cris de «Libérez, Bemba !» ponctués de coups de siflets, certains manifestants lançaient des paroles hostiles à Joseph Kabila ainsi qu’à Laurent Nkunda. «Comment peut-on arrêter Bemba alors que Nkunda et Kabila sont libres de tout mouvement», crie littéralement un habitant du quartier Matonge. «Bemba avait mis un contingent militaire à la disposition du gouvernement de l’ancien président Ange-Félix Patasse, rappelle un manifestant. Bemba n’a jamais mis les pieds en Centrafrique ni participé aux opérations. Comment expliquer que Patassé reste libre ?»

Lors de ce sit-in, le représentant du MLC au Benelux, Jean-Jacques Mbungani nous a confié que Bemba Gombo est «serein» et disposé à collaborer «pleinement» avec la CPI. Selon lui, c’est l’avocat belge Pierre Legros, ancien bâtonnier du barreau de Bruxelles, qui assure sa défense. «Tout est mis en œuvre pour obtenir la libération sous caution», a souligné l’ancien consul général à Anvers qui n’a pas manqué de «déplorer» l’action menée par la police judiciaire belge. \"Il faut comprendre que Jean-Pierre Bemba n’est pas un bandit de grand chemin. Le détenir au motif qu’il pourrait fuir n’a pas de sens. Il a une maison à Bruxelles, des enfants qui sont scolarisés en Belgique\", a déclaré à l’AFP François Muamba, le secrétaire général du MLC. Certains observateurs craignent en effet que la CPI «dont les magistrats se tournaient les pouces» tente de redorer son blason en faisant preuve d’un excès de zèle dans l’affaire Bemba.
«(…), les historiens diront que peut être que l’arrestation de Bemba marque le véritable acte de naissance de la CPI\", écrivait le quotidien parisien «Libération», daté mardi 27 mai. Selon ce journal, c’est la première fois depuis sa création que cette juridiction s’attaque à un «si gros poisson».

Elément positif. Il faut dire que l’arrestation de Bemba semble avoir renforcé un certain esprit d’unité au sein des forces politiques et sociales. Lors de la \"manif\" de la Porte de Namur, on notait la présence non seulement des sympathisants du MLC mais aussi de plusieurs représentants d’autres groupements. Tous, se disent «en colère» face à cette «injustice» faite \"aux seuls citoyens du Congo\". Henri Muke Disuishe, ancien président du groupe de pression «Bana Congo» estime «pas du tout normal qu‘on arrête Jean-Pierre Bemba pendant que Laurent Nkunda, Azarias Ruberwa et Joseph Kabila circulent librement». Pour lui, il s’agit d’un «complot» pour décapiter les forces progressistes comme en 1960. Un avis que partage Samson Cibayi Mukuta, ancien président de «Bana Congo». «Cette arrestation est sans objet quand on voit que Nkunda qui tue des enfants du Congo à l’Est n’est nullement inquiété», déclare-t-il qui relève que «jusqu’ici la CPI ne s’acharne que sur les Congolais». Pour lui, cette juridiction internationale «doit» relaxer Bemba «immédiatement et sans conditions». Dans le cas contraire, conclut-il, les forces politiques congolaises vont s’organiser «d’une autre façon» pour obtenir cette libération. Représentant des patriotes Maï Maï au Benelux, Michel Moto Muhima regrette le traitement infligé à cet ancien candidat à la Présidence de la République. Il s’étonne de ne pas voir l’ancien président centrafricain Ange-Félix Patassé faire l’objet du même \"acharnement judiciaire\" alors que «les troupes du MLC ont été mises à la disposition des autorités » de Centrafrique.

On le sait, depuis samedi, Jean-Pierre est détenu à la prison de Saint Gilles à Bruxelles. La justice belge a décidé mercredi 28 mai de le maintenir en détention provisoire. \"La décision de la chambre du conseil de Bruxelles est tombée. Malheureusement, il ne sortira pas aujourd’hui. La demande de libération pure et simple n’a pas été suivie\", a déclaré à l’AFP l’avocat, Aimé Kilolo Musamba, après avoir été informé de la décision par le greffe du tribunal. La défense entend interjeter appel. Pour l’anecdote, dans son édition n°2472 du 25 mai 2008, l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» annonce que les autorités centrafricaines s’apprêtent à «amnistier» l’ancien président Patassé au terme d’un accord de paix, signé le 9 mai à Libreville, entre le gouvernement centrafricain et l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD). Notons que la plainte déposée à la CPI met en cause non seulement Jean-Pierre Bemba mais aussi un certain Ange-Félix Patassé et se chefs militaires de l’époque.

B.A.W

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