Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LAVOIXDUCONGO
26 septembre 2008

Coup d'éclat politique: Antoine Gizenga rend le tablier

Alors qu’il était attendu de pied ferme à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, Antoine Gizenga, dans un style politique élégant, mûr, a déjoué tous les pronostics. Il a remis sa démission hier jeudi, dans l’avant-midi, au Président de la République, et ce en qualité de Premier ministre et chef du gouvernement. Raison évoquée : les limites du corps physique. Belle sortie honorable.

Le Premier ministre, Antoine Gizenga Fundji, a démissionné de   son poste de Premier ministre et de chef du gouvernement. Il a posé officiellement   cet acte dans une lettre adressée et remise au président de la   République, Joseph Kabila.
 
  Immédiatement, après s’être entretenu avec le chef   de l’Etat, il s’est adressé à la Nation pour rendre   publique la raison principale de sa démission. Il a commencé par   rappeler son parcours politique en soulignant qu’il est au service de son   pays pendant plus de cinquante ans. Mais il a fini par reconnaître que   «pour tout homme, même si l’esprit peut encore être sain   et alerte, le corps physique à ses limites dont il convient de tenir   compte». L’exercice politique a fini par avoir raison de son âge   et de sa condition physique. Aussi, a-t-il estimé bon de passer la main   en souhaitant un meilleur devenir à la République démocratique   du Congo et au peuple congolais : «La tâche est immense, car le   fossé de la régression, dans lequel était tombé   le pays est très profond. Toutefois, on peut aujourd’hui affirmer   que le pays commence à reprendre le bon cap et à connaître   une vraie dynamique de redressement et de refondation. Il faut tenir bon et   avancer avec détermination ».

Un discours de prise en retraite politique assimilé à un testament   pour les générations futures. Ses recommandations, après   un demi-siècle de lutte pour la cause nationale et plus de six cents   jours d’exercice des fonctions de Premier ministre, sur l’unité   du pays, la cohésion sociale, la bonne gouvernance, sont là autant   de messages qui demeureront toujours d’actualité dans cet élan   de refondation de la République démocratique du Congo. Ainsi,   Antoine Gizenga s’en va, en sortant par la grande porte. De façon   honorable.

LES PRESCRITS DE LA CONSTITUTION

Que va-t-il se passer maintenant, aujourd’hui que le Premier ministre   a démissionné pour des raisons de convenance personnelle ? En   réponse à cette interrogation, l’article 78 de la Constitution   stipule : «Le président de la République nomme le Premier   ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation   de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci   de la démission du gouvernement. Si une telle majorité n’existe   pas, le Président de la République confie une mission d’information   à une personnalité en vue d’identifier une coalition. La   mission d’information est de trente jours renouvelables une fois. Le président   de la République nomme les autres membres du gouvernement et met fin   à leurs fonctions sur proposition du Premier ministre».

Dans ce cas d’espèce, l’on ne se trouve pas devant une situation   d’empêchement, moins encore d’une motion de censure. Le Premier   ministre a démissionné de son propre gré du poste de premier   ministre et chef de gouvernement. Antoine Gizenga a remis au chef de l’Etat   «sa propre démission et non celle de son gouvernement». La   Constitution est muette devant ce cas de figure.

Ce qui amène à extrapoler pour évoquer l’article   90 de la Constitution : «Le Gouvernement est composé du Premier   ministre, de ministres, de vice-ministres et le cas échéant de   vice-Premier ministres, de ministres d’Etat et de ministres délégués.   Il est dirigé par le Premier ministre, chef du gouvernement. En cas d’empêchement,   son intérim est assuré par le membre du Gouvernement qui a la   préséance. La composition du gouvernement tient compte de la représentation   nationale. Avant d’entrer en fonction, le Premier ministre présente   à l’Assemblée nationale le programme du Gouvernement. Lorsque   ce programme est approuvé à la majorité absolue des membres   qui composent l’Assemblée nationale, celle-ci investit le Gouvernement».

En s’appuyant sur une simple analyse par absurde, l’on déduit   qu’avec cette démission du Premier ministre, tout le gouvernement   est réputé démissionnaire. Par voie de conséquence,   et si la majorité parlementaire existe, le chef de l’Etat devra   nommer un autre Premier ministre sur proposition de cette majorité et   non un « informateur». Entre-temps, le gouvernement Gizenga continuera   à assurer les affaires courantes.

CONSEQUENCES POLITIQUES

La première hypothèse, tiendrait du fait qu’Antoine Gizenga   n’a pas été proposé Premier ministre par la majorité   parlementaire mais bien par la coalition «PPRD-PALU-UDEMO ». Celle   qui avec les autres partis politiques forment l’Alliance de la majorité   présidentielle, AMP. Le successeur de Gizenga sera-t-il issu de la coalition   ou de la majorité parlementaire ? Gizenga parti, l’élection   présidentielle qui a favorisé la signature de cet accord pour   donner naissance à cette coalition ayant déjà eu lieu,   l’on craint fort que les conditions d’hier ne soient encore d’actualité.   En outre, pour ne pas violer la Constitution, le président de la République   nommera le Premier ministre issu de la « majorité parlementaire».

Il va de soi que si la coalition est menacée, l’ AMP le sera aussi   avec des effets d’entraînement négatifs sur la majorité   parlementaire. Ce qui pourrait gêner la constitution rapide d’un   nouveau gouvernement.

LA RADIO-TROTTOIR

En pareilles circonstances, les rumeurs vont souvent bon train, chacun y allant   de son commentaire sur la démission de Gizenga. Bien sûr que ces   rumeurs sont à prendre avec des pincettes.

Aussi, se dit-il que le Premier ministre aurait démissionné à   la suite du mauvais comportement de certains de ses ministres qui se seraient   illustrés dans la mauvaise gestion. Particulièrement dans la signature   des contrats léonins. Pour ne pas se faire éclabousser, il a préféré   déposer sa démission et non celle de son gouvernement, livrant   en quelque sorte en pâture ses collaborateurs.

Ce qui explique que dans son adresse au peuple congolais, il n’a réservé   aucune ligne à ses ministres. Il a remercié seulement le président   de la République, pour la confiance témoignée en lui, le   Parlement au regard de la courtoisie en sa personne, et le pouvoir judiciaire   à travers cette reconnaissance après cette visite du président   de la Cour suprême de justice.

La rumeur insiste également sur les derniers propos du président   de l’Assemblée nationale à son endroit. C’est-à-dire   qu’il n’était plus à l’abri d’une motion d’interpellation   ou d’une motion de censure. Pour éviter d’être traîné   dans la boue, le Premier ministre Antoine Gizenga a préféré   anticiper les choses en démissionnant.

Dans le même ordre d’idées, il nous revient que le Premier   ministre aurait proposé une liste portant remaniement de l’équipe   gouvernementale au président de la République. Dans cette liste,   6 ministres et 3 vice-ministres devraient être démis de leurs fonctions   pour incompétence et mauvaise gestion. Cette liste n’aurait pas   rencontré l’approbation de l’entourage du chef de l’Etat   pour autant qu’elle reprenait les noms des «intouchables».

Mais que d’autre part, ce départ aurait été convenu   avec le président de la République. En échange, un de Palu   devrait succéder au patriarche Gizenga à la Primature.

Enfin, la dernière nomination des membres de la Territoriale aurait   surpris le Premier ministre partant. Il n’aurait été ni consulté   et le Palu ne s’y retrouve pas. Ce serait goutte d’eau qui aurait   fait déborder le vase. D’où la démission.

Kinshasa, 26/09/2008 (LP/MCN, via mediacongo.net)

Publicité
Publicité
Commentaires
LAVOIXDUCONGO
Publicité
Derniers commentaires
Publicité