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LAVOIXDUCONGO
2 novembre 2008

Muzito et son discours..

 

Kinshasa, 01/11/2008 / Politique

Le Premier ministre Adolphe Muzito s’est présenté comme un chasseur bardé avec un carquois plein de munitions devant l’Assemblée nationale qui l’attendait de pied ferme pour tester ses capacités à conduire l’organe exécutif d’un pays vaincu et défié sur tous les plans de pouvoir se relever C’est un discours volontariste que le Premier ministre Adolphe Muzito a tenu vendredi devant les députés de l’Assemblée nationale. Le nouveau Chef de l’exécutif national a annoncé six fronts prioritaires sur lesquels il entend axer son «programme d’urgence » de sortie du pays de la crise multiforme actuelle. Il s’agit des fronts militaire, politique et diplomatique, humanitaire, populaire, économique et médiatique. Reste à savoir comment le gouvernement va s’y prendre pour appliquer un tel plan d’urgence comprenant des actions à mener à court, moyen et long termes. La réponse est prévue d’être esquissée au débat général qui débouchera ce samedi sur l’investiture du gouvernement.

Le Premier ministre, Adolphe Muzito, a donc répondu vendredi à l’invitation de l’Assemblée nationale pour présenter son programme de politique générale. Invitation émise au terme d’une procédure d’urgence au regard de la gravité de la situation qui prévaut dans le pays de manière à combler le vide juridique découlant de la démission de l’ancien Premier ministre, Antoine Gizenga, et de la nomination de son successeur.

Concernant ce «Programme d’urgence », le Premier ministre s’est empressé d’en définir les fronts prioritaires, au nombre de six. Il s’agira de s’attaquer à des situations d’urgence. Notamment la fin de la guerre au Kivu. Aussi, le Premier ministre et son gouvernement s’engagent-ils aux fronts suivants : militaire, politique et diplomatique, humanitaire, populaire, économique et médiatique.

Plan de sortie de crise

Sur un ton ferme, le Premier ministre a souligné que la fin de la guerre au Kivu est l’une des priorités de son gouvernement. Aussi, a-t-il déclaré qu’il ira partout où sa présence est nécessaire pour atteindre cet objectif. Mais dans l’immédiat, il a déclaré que le gouvernement s’est approprié le « Plan de sortie de crise au Kivu », proposé par l’Assemblée nationale. Il a rassuré que des actions seront entreprises dans ce sens en vue de ramener la paix au Kivu et partout dans le pays. Mais aussi de rétablir l’autorité de l’Etat. A ce sujet, il a relevé que trois initiatives sont déjà en cours : le respect du cessez-le feu, la neutralisation des FDLR ou forces négatives pour enlever tout prétexte aux voisins ainsi qu’à ceux qui ont pris des armes, et enfin la mise en place d’une force combattante avec le concours de la Monuc et autres partenaires très intéressés par la réforme de l’armée congolaise.

Normalisation avec les voisins

Dans le même élan volontariste, le Premier ministre a promis de redynamiser notre diplomatie. D’ores et déjà, il a annoncé la reprise du processus de normalisation des relations avec les pays voisins. Particulièrement le Rwanda, normalisation émaillée par cette succession de visites des ministres des Affaires étrangères des deux pays, tant à Kigali qu’à Kinshasa. Il s’est empressé de souligner qu’il ne s’agit point de faiblesse, mais une nécessité dans le cadre de la politique de bon voisinage d’instaurer un dialogue permanent dans la sous-région, sans chantage ni compromission.

Dans le même ordre d’idées, il entend nouer le dialogue avec le CNDP, dans le cadre du Programme Amani. Une proposition qui a suscité immédiatement des interrogations dans la mesure où le CNDP réclame des négociations directes avec Kinshasa après avoir quitté le Programme Amani. Certainement que le Premier ministre répondra à cette préoccupation aujourd’hui lors du débat général.

Quant au front populaire, le Premier ministre envisage de renforcer la mobilisation générale et de constituer des brigades d’auto-défense en vue de soutenir les forces combattantes et du maintien de l’ordre. A ce stade également, des interrogations ne manqueront pas aujourd’hui au regard des initiatives précédentes qui n’ont été que des feux de paille.

Le front économique nécessite le mécanisme de contrôle des richesses pour barrer la route aux fraudeurs de tout genre qui se livrent à des pillages à grande échelle. Décourager tous ces groupes armés qui ne se constituent que pour entretenir des « économies de guerre » et nuire à la République démocratique du Congo. Enfin, toutes ces actions, ces fronts disons-le, doivent être soutenues par une campagne médiatique visant à renforcer la conscience nationale et à conforter la cohésion nationale.

Actions concrètes

Il est vrai que le Premier ministre a livré un discours classique mais volontariste. Ce qui revient à dire que nombreux observateurs sont demeurés sur leur soif, faute de détails ou de précisions.

Certes, le Premier ministre a évoqué les 5 chantiers, s’est attardé longuement sur la réforme de l’Armée, la réintégration des éléments des ex-FAZ, la mise hors d’état de nuire des officiers véreux et corrompus, la reconstruction nationale, le refondation de la Nation, l’amélioration des conditions de vie et salariales. Mais puisque le Premier ministre a déclaré que son gouvernement qui s’inscrit dans la continuité des actions du gouvernement précédent, Muzito doit tirer les leçons du passé récent pour donner une nouvelle impulsion à l’action du gouvernement.

Aussi, lors du débat de ce jour, le Premier ministre est obligé d’énoncer les actions concrètes sur lesquelles s’appuiera son gouvernement pour mettre rapidement fin à la guerre, accélérer les réformes au sein de l’armée, de la Police, combattre la corruption, l’impunité, assainir les milieux politiques, administratifs, sécuritaires…. Que cette volonté de favoriser la bonne gouvernance, de renforcer la collaboration avec le Parlement pour les missions de contrôle et d’enquête, ne soit pas de simples faits d’annonce. Pour y parvenir, il faut combattre la dissonance, le dysfonctionnement au sein même du gouvernement.

Ceci dit, le Premier ministre revient à la « barre » ce samedi lors du débat général. Mais auparavant, il était intéressant de noter que la séance d’hier vendredi n’a pas dérogé aux us et coutumes parlementaires pour ce qui est des séances animées. Intervenant par motion de procédure, les députés François Muamba, Kiakwama et Sessanga, tous de l’Opposition, ont fustigé les irrégularités de la séance d’hier. Aussi, ont-ils évoqué les articles 51 et 52 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et l’article 90 de la Constitution pour s’opposer à donner un chèque en blanc au gouvernement. Faute de documents de travail et la non tenue de la réunion des présidents de la Conférence, l’Opposition a menacé de ne pas prendre part ni à l’examen du programme ni au débat général.

Ce à quoi, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a rétorqué qu’il s’agissait d’une procédure d’urgence adoptée par l’Assemblée nationale et que l’article 61 du Règlement intérieur ne sanctionne point la remise tardive des documents. Après une interruption de 15 minutes afin de permettre à l’Opposition d’apprécier la situation grave de l’heure, celle-ci s’est pliée à la procédure.

(DN/Yes)

Médard Muyaya/Le Potentiel

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