12 septembre 2007
Bemba assagi ? Ou Bemba assagi !
mercredi 12 septembre 2007, NUMERO
Vital Kamerhe peut se frotter les mains pour avoir réussi la mission que lui a confiée Joseph Kabila, celle de négocier le retour de Jean-Pierre Bemba au pays après les événements tragiques de Kinshasa de mars 2007.
Kamerhe est le président de l’Assemblée nationale. Kabila est le président de la République. Bemba est sénateur. Pourquoi le rappel des qualités respectives ?
En toute logique, Kamerhe le président de l’Assemblée nationale n’a rien à voir avec Bemba le sénateur ; ce dernier ayant plutôt pour chef Léon Kengo wa Dondo. Mais c’est à lui que le président de la République s’en est remis pour régler la question.
De même, Kabila président de la République n’a rien à voir avec Bemba le sénateur par rapport au mandat d’arrêt lancé par le Procureur général de la République. L’Etat de Droit promis aux Congolais par Jean-Pierre Bemba lors de son meeting au stade Tata Raphaël le 27 juillet 2007 le met sur un même pied d’égalité que les généraux qu’il était prêt à envoyer en prison en cas d’abus d’autorité. Mieux, la Constitution pour laquelle il avait battu campagne pendant le référendum consacre à son article 12 l’égalité de tous les Congolais " devant la loi " étant donné que tous les Congolais " ont droit à une égale protection ".
Aujourd’hui, force est de constater que tous les Congolais ne sont pas forcément égaux devant la loi, selon que l’on soit du côté des forts ou du côté des faibles. Qu’à cela ne tienne ! Surtout quand le fort estime immature le faible qui revendique son droit.
L’enseignement à tirer ici est qu’après avoir vilipendé Joseph Kabila le chef de l’Etat, les Bembistes réalisent à leurs dépens que le salut du mandat de Bemba en qualité de sénateur passe par le même Kabila !
Bien plus, tout le monde est convié à le constater : après qu’il ait formellement accusé dans " Jeune Afrique " Joseph Kabila d’avoir attenté à plusieurs reprises à sa vie, Jean-Pierre Bemba s’en remet au même Joseph Kabila pour le sécuriser !
Est-ce ça ne vous dit rien, ce jeu des contradictions, sous la Transition 1990 - 1997 ? Aux amnésiques, il est bon de rappeler l’épopée Mobutu-Tshisekedi. Le second accusait continuellement le premier de monstre, de dictateur. Et la rue bandait ! Mais, la monstruosité, la dictature du maréchal n’empêchait pas le lider maximo de revenir à la charge pour réclamer du même monstre, du même dictateur le retour à la légalité, c’est-à-dire sa réhabilitation à la primature…
Aujourd’hui qu’il est sûr de rentrer au pays pour jouer son rôle de chef de file de l’Opposition institutionnelle, Chairman devra tirer l’unique leçon qu’il a probablement oubliée alors qu’il était l’un des derniers conseillers du maréchal : le pouvoir n’a jamais été dans la rue comme avaient tendance à le déclarer les boutefeux de l’Union sacrée. Il est toujours détenu par celui qui est aux affaires, et cela aussi longtemps que celui-ci a le dernier mot.
Moralité : le radicalisme sur fond de diabolisation ne paie toujours pas.
Voyez au Togo. Voyez au Zimbabwe. Voyez au Congo-Brazzaville. Voyez en Côte d’Ivoire. Voyez au Sénégal. Voyez au Cameroun. Voyez au Gabon : tous les Opposants qui jouent au populisme finissent par se casser la dent !
Réputé fougueux, fonceur, Jean-Pierre Bemba a probablement eu le temps de s’assagir. C’est bien pour la démocratie.
Omer Nsongo
Source: Groupe L'avenir
Publicité
Publicité
Commentaires
P