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LAVOIXDUCONGO
26 juillet 2008

Complices d’Eric Lengue, milices MLC en 2007… 258 détenus libérés : un geste de réconciliation

Kinshasa, 26/07/2008 / Politique

Le gouvernement de la République a exceptionnellement ouvert les portes du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). 116 civils et 142 militaires ont recouvré leur liberté. Justifiant son geste, le gouvernement pousse à l’avant la roue de la réconciliation nationale. Et ce, après l’amnistie accordée récemment aux anciens seigneurs de guerre du Nord et du Sud-Kivu. Le plus dur reste la gestion de ces ex-détenus et l’élan politique de tourner définitivement une page sombre. Chanceux, 116 civils et 142 militaires viennent de recouvrer leur liberté.

Le ministre de la Justice et Droits humains, Me Mutombo Bakafwa Nsenda, a procédé à leur libération, le vendredi 25 juillet au Centre pénitenti­aire et de rééducation de Kins­hasa (PRK).

Pour Me Mutombo, ces hommes et femmes ont été arrêtés pour divers motifs visant à déstabiliser la République. Leur libération n’est pas un signe de faiblesse de la part de l’Etat. a-t-il déclaré. Il s’agit plutôt “ d’un geste de réconciliation nationale ”.

Toutefois, au nom de l’Etat, a-t-il ajouté, il met “ en garde tous les prisonniers. Car, personne n’a le droit de chercher à déstabiliser les institutions en pesant que des libérations de ce type vont se reproduire indéfiniment. Au contraire, les récidivistes et autres facteurs de troubles seront sévèrement réprimés ”.

Privés de liberté depuis plusieurs mois, et appartenant à divers groupes, ces détenus étaient impliqués dans des situations affectant, à des époques différentes, la sécurité de la Ré­publique démocratique du Congo.

Un premier groupe est constitué de 88 militaires et 107 civils dont 7 mineurs impliqués dans les événements du 22 et 23 mars 2007. Ces événements avaient opposé dans la capitale, l’armée régulière la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba.

Un deuxième groupe est composé de 58 militaires. Ils avaient été interpellés en 2004 et ce, en rapport avec le putsch folklorique du major Eric Lenge, membre de la garde rapprochée du président J. Kabila, introuva­ble jusqu’à ce jour.

Un troisième groupe compte 6 civils et 3 militaires. Ils ont été détenus à la suite du re­tour au pays, peu avant les dernières élections, de M. Digekisa. Ce dernier est l’homme qui a fait la vedette en mai 1990 au lende­main de l’opération “ Lititi mboka ”, présentée alors comme ayant entraîné le “ massacre ”, par les sbires de Mobutu, des étu­diants sur le campus de l’université de Lubumbashi.

Désengorger les prisons surpeuplées

Un quatrième groupe compte 11 détenus, dont 3 civils et 8 militaires, avec à la tête du commandement le colonel Malengi. Un tout dernier groupe comprend 48 militaires, tous con­cernés par le “ dossier de la Pentecôte ”.

A l’issue de la cérémonie annonçant leur libération, c’est avec joie que les 116 civils ont emballé leurs maigres biens pour rejoindre leurs familles respecti­ves dans la journée.

Les 142 militaires, eux, sont momentanément mis à la disposition de l’Etat major général. Leur hiérarchie militaire va devoir dépêcher, dans les jours qui suivent, une délégation au CPRK, pour leur communiquer les dispositions pratiques les concernant. Le ministre de la Justice et Droit Humains a justifié cette décision par le fait que “ ces militaires font encore partie des Forces armées de la RDC ”.

Pour sa part, le directeur du CPRK, Dido Kitungwa, a sa­lué l’initiative gouvernementale. Il a demandé au ministre de la Justice de poursuivre ce proces­sus afin de relaxer tous les prisonniers qui sont détenus illéga­lement. Dido Kitungwa a si­gnalé que le CPRK héberge 4.268 prisonniers, dont 2.424 civils et 1.844 militaires alors que sa capacité est de 1.200 personnes !

La libération intervenue vendredi est l’aboutissement du travail commencé le 8 mars 2008 par une commission mise en place par le ministre de la Jus­tice et Droits humains.

Chargée d’analyser les dossiers de tous les détenus, cette équipe était composée des ma­gistrats civils et militaires ainsi que des responsables de la prison. Elle était dirigée par le vice-mi­nistre des droits humains, Claude Bajibuye Nyamugabo, qui a as­sisté à la cérémonie de libération. En mai dernier, le ministère avait déjà procédé à la libération de 174 prisonniers.

Des sources proches du Ministère de la Justice et Droits humains ont indiqué à la rédac­tion du quotidien Le Potentiel que, dans les mois à venir, des mesures de libération condition­nelle seraient prises aux fins de désengorger les prisons, actuel­lement surpeuplées.

L’assemblée nationale : entre libération et amnistie

Me Mutombo, ministre de la Justice et des Droits humains a été “ interpellé ” par une motion incidentielle du 12 juillet 2008 à l’Assemblée nationale. Au cours de cette plénière qui examinait le projet de loi portant amnistie et faits de guerre dans les deux Kivu, plusieurs députés ont rappelé quelques dossiers “ oubliés ”.

Il s’agit, notamment, de cas Eddy Kapend, de l’affaire Eric Lenge et des militaire et proches du sénateur Jean-Pierre Bemba, parmi lesquels des enfants mineurs jetés en prison (au CPRK) au lendemain des événements des 22 et 23 mars 2007. Peu avant la clôture de la session extraordinaire de la chambre basse, des épouses et enfants de ces détenus étaient venus protester devant le portail de l’Assemblée nationale pour que justice soit rendue à leurs conjoints et pères détenus.

Cette démarche a été soutenue par plusieurs Ong des droits de l’homme. Elles ont, pour ce faire, déposé des pétitions à l’Assemblée nationale. Après la promulgation de la loi d’amnistie en faveur du Nord et du Sud-Kivu, la libération des détenus du CPRK, vendredi 25 juillet, contribue à l’apaisement des esprits et scelle la réconciliation nationale.

(Milor)

Le Potentiel

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