Le DVD s’ouvre sur une ode en forme d’un vœu d’apparence improbable mais sincère : l’orchestre et la salle chantent « 100 ans na Lutumba, Biso se na Lutumba », traduisez « On souhaite à Lutumba de vivre 100 ans, Nous sommes très attachés à lui ». Puis, la caméra se pose sur l’orchestre qui égrène les premières notes de la chanson Ebale ya Zaïre et l’on entend une voix qui surgit de nulle part, identique à celle gravée sur le disque. Quelques secondes après, dans un costume élégant, Sam Mangwana monte sereinement sur scène, la salle est saisie d’émotion et applaudit. Le chanteur fétiche de Simaro sera rejoint sur d’autres chansons par le Brazzavillois Michel Boyibanda. L’on découvre alors que la voix de ce dernier était omniprésente dans les premiers tubes de Simaro. Dans une interview filmée dans la parcelle familiale des Lutumba à Lingwala, Boyibanda va révéler que, fraîchement débarqué de Brazzaville, il a vécu dans cette maison sur insistance de Simaro qui ne voulait pas qu’il vive seul et isolé dans la maison que Luambo lui avait prise en location à Yolo. Cela malgré l’incompréhension de Franco qui lui exigea d’y retourner. Les anecdotes foisonnent et sont toutes intéressantes et tantôt révélatrices du côté visionnaire de Simaro, tantôt éclairant une époque qu’on redécouvre avec nostalgie et respect.

Ce DVD illustre aussi une forme d’intemporalité de l’œuvre de Lutumba avec le passage sur scène des jeunes chanteurs comme Alain Mpela, Manda Chante et Shakembo. Malheureusement, ce dernier a déteint dans le paysage avec ses abus de dédicaces (mabanga) et sa propension à revisiter les chansons du Poète. On aime aussi la caméra tel qu’elle se promène dans la salle nous faisant admirer l’élégance des Kinois, le charme irrésistible de pimpantes demoiselles, la classe des messieurs et dames d’âge respectable, décemment habillés comme pour cimenter la solennité de l’événement. Petite indélicatesse du réalisateur : un gros plan sur Tabu Ley rêveur à côté de sa compagne juste après des images d’une Mbilia Bel sensuellement généreuse dans ses déhanchements.

Le DVD qui dure près de deux heures ne lasse pas, au contraire les gens le redemandent en plus long encore. Le producteur serait tenté par une réédition qui restituerait, cette fois, un peu plus l’ambiance du direct avec les présentations et les annonces.|[Botowamungu Kalome (AEM))