Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LAVOIXDUCONGO
21 décembre 2008

Nkunda joue à la diversion

Il semble avoir perdu la boussole, le rebelle Nkunda. Il avait pourtant le vent en poupe dans toutes les chancelleries, depuis le déclenchement de son insurrection pour soi-disant protéger sa tribu, les Banyamulenge. De la défense d’une cause tribale, il en est arrivé à embraser la province du Nord-Kivu. Pour terminer, à Nairobi, il a exigé de faire tabula rasa de toutes les institutions de la République démocratiques issues des urnes. Nkunda, un insatiable, pour quelles causes ?

Versatile. L’adjectif n’est pas fort pour qualifier le comportement   de Laurent Nkunda, leader rebelle du Congrès national pour la défense   du peuple (CNDP).

Abandonnant toutes les revendications antérieures qui ont justifié   sa dissidence, la guerre qu’il mène contre les Forces armées   de la République, des centaines de milliers de Congolais en errance dans   le Nord-Kivu, sans compter des milliers de morts, le voici, à l’ultime   étape des négociations de Nairobi, déplaçant le   sujet de discussion pour une énième revendication.

En effet, au deuxième round des négociations, qu’il avait   pourtant exigées avec le gouvernement de la République, Nkunda   surprend même ses soutiens extérieurs.

A la séance de jeudi, il n’a exigé ni plus ni moins que   la présence à la table de négociations, en qualité   de co-facilitateurs ou observateurs Léon Kengo et Vital Kamerhe, les   présidents de deux chambres du Parlement ainsi que les délégués   de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) et de l’Opposition.

A travers la participation des deux chambres aux pourparlers de Nairobi, le   CNDP espère légitimer l’éventuel accord qu’il   devra signer avec le gouvernement. Il estime que cet accord impliquerait le   vote de certaines lois. D’où nécessité de voir le   Parlement s’imprégner, au préalable, de l’esprit et   de la lettre dudit accord.

Cette vision n’a pas été partagée par la délégation   de Kinshasa. «Le gouvernement est le seul à engager le pays face   à ceux qui ont pris les armes», a-t-elle rétorqué.   De même, la facilitation, présidée par Benjamin Mpaka, ancien   président tanzanien et émissaire de l’Union africaine dans   la crise du Nord-Kivu, aurait été irritée par l’insistance   du CNDP. C’est pour cela qu’elle avait suspendu les discussions de   jeudi, les renvoyant à hier vendredi.

Un combat sans visibilité

La versatilité du CNDP devient précocement légendaire.   Le mouvement rebelle avait prétendu dès le début défendre   les Tutsis Banyamulenge, qui auraient été, selon lui, marginalisés   par le pouvoir. Sa deuxième exigence, par la suite, consistait à   négocier avec Kinshasa pour parvenir à mettre un terme aux affrontements   militaires qui ont causé 250 000 sans-abri au Nord-Kivu et près   de deux millions de déplacés.

Maintenant que, grâce aux efforts diplomatiques déployés   tant par l’Union africaine que par l’Union européenne et l’Onu,   Kinshasa a accédé à la revendication du rebelle - négociation   directe - Nkunda a exigé de négocier à Nairobi «la   crise globale du pays», allant jusqu’à proposer la chute des   animateurs et des institutions démocratiquement mis en place.

Or, le mandat de la facilitation ne concerne que la situation du Nord-Kivu.   Ainsi, Nkunda n’ayant pas réussi à imposer sa volonté   à la communauté internationale, revient aux prescrits du mandat   d’Olusegun Obasandjo. Par réalisme tardif, sa délégation   accepte de poursuivre les négociations selon le mandat qui a été   confié à la facilitation, à savoir : la solution de la   crise sécuritaire et humanitaire dans le Kivu.

Selon des chancelleries, le leader du CNDP exagère et exaspère.   Il mène un combat sans plus de visibilité. Ses incessantes revendications,   vite oubliées pour être remplacées par de nouvelles, sont   assimilables à de la distraction. Le temps mort qu’il veut se donner,   par des volte-face spectaculaires, est un leurre imaginé pour servir   longtemps encore les trafiquants du coltan de sa zone d’influence. Il s’emploie   à tirer les choses en longueur dans le dessein d’imposer la balkanisation   de la RDC. Les négociations de Nairobi tendent vers un échec.

Dans tous les cas, quelque longue soit la nuit, dit le sage, le soleil finit   par poindre. La versatilité de Nkunda laisse tomber ses masques et trahit   éloquemment ses intentions.

Kinshasa, 20/12/2008 (LP/MCN, via mediacongo.net)
                        

                                                                                     
Publicité
Publicité
Commentaires
LAVOIXDUCONGO
Publicité
Derniers commentaires
Publicité