Ce lundi 16 mars 2009, c’était l’ouverture solennelle de la session parlementaire de mars. Ceci expliquant cela, certains crurent que cette journée serait celle de tous les dangers. Pour ne pas démentir les événements, nous assistâmes tôt le matin à une forte présence policière. Ce fut notamment sur le boulevard du 30 juin. C’est l’équivalent des Champs Elysées à Paris ou de la 5ème Avenue de New York sans les trous et sans la saleté. Bref, passons.

Les policiers portaient des gilets fluorescents verts qu’on porte normalement la nuit. Ils ne les enlèvent donc jamais et dorment avec. Stupeur et tremblements ! Même scénario aux alentours du Palais du Peuple et du boulevard Triomphal. Il ne faut surtout pas croire que Kinshasa la pourrie est pleine uniquement de boulevards. Nenni ! Là des soldats déguisés en policiers et habillés de kaki bleu veillaient. L’arme sur la gâchette. Il y en avait partout. Ils avaient érigé des barricades. Ils fouillaient tout véhicule. Il fallait montrer patte blanche pour passer. Pour peu, on se serait cru en Palestine ou ce qu’il en reste. Certains crurent qu’ils étaient là pour empêcher à Kamerhe l’accès de son bureau. Il devait prononcer ce jour le discours d’ouverture de la session de mars de l’Assemblée nationale.

D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa la pourrie, la soldatesque fut mobilisée pour empêcher des manifestations de quelques ONG en faveur de la démocratie. Ceci expliquant cela, en faveur de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale que des membres de l’AMP (Alliance pour la marmite présidentielle) veulent défenestrer parce qu’il a fait son boulot. Depuis qu’il a dit qu’il n’était pas informé de l’arrivée sur le sol de nos ancêtres de nos frères d’armes rwandais, ils exigent frénétiquement sa démission. Enfer et damnation.

Ceci expliquant cela, une fatwa fut lancée contre l’ouverture de la session. Ainsi, il n’y eut pas de télévision publique pour la transmission en direct du discours. Aucun membre du gouvernement ne fut présent. Aucun PDG d’entreprise publique ne montra son ventre bedonnant. Aucun membre du pouvoir judiciaire ne fit voir ses bajoues. Et moi qui croyais que la justice était indépendante ! Aucun membre du Bureau de l’Assemblée nationale ne montra ses fesses. Because ? L’AMP avait décrété le boycott. Malgré tout, la salle était pleine.

Quand Kamerhe y pénétra, il fut accueilli en héros. Son discours fut applaudi frénétiquement. Il tint à peu près ce langage : « J’inscrirai la question de ma démission et du renouvellement du Bureau à la prochaine réunion de la Conférence des Présidents, avant de venir débattre en plénière, et ce, en conformité avec la Constitution et notre Règlement intérieur.» Ce n’est pas mon ami très versé dans les sciences bibliques qui m’a dit : «Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ?» C’est Vital Kamerhe qui le dit en fin de son discours.
Maréchal, de là où vous êtes vous avez sûrement entendu qu’on chantait dans la salle une de vos chansons préférées : Lokuta monene ! Comme on dit chez nous : Quand le coq est ivre, il oublie la hache.

Mokossa Disu
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